Et oui,le soleil froid du matin provençal ne m'annonçait pas qu'une journée radieuse ! Alain,il ne fallait pas ouvrir ta messagerie qui n'est pas toujours porteuse de bonnes nouvelles ; l'instit de ma jeunesse,ma première instit,celle qui m'a accompagnée (et ensuite son mari jusqu'à la sixième) venait de fermer les yeux dans la campagne axonaise.
Pourquoi pleurer me direz-vous ? et bien lisez et vous comprendrez sans doute.
Ils s'étaient installés très jeunes à Beaurieux,petit village situé au bord de l'Aisne et sur les contreforts du Chemin des Dames,haut lieu de la guerre 14/18. Tous les deux, ils ont vu défiler les petits du village,les Beaurivois et les Beaurivoises,(Beaurieux venant de Beau Rivage),en somme ,tous les garnements,les gredins,les douces filles mais aussi les pimbêches,les fainéants,les timides et les doués.Ils les ont modelés,pas toujours facilement,pour en faire pour la plupart "des gens bien".
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne connaîtront jamais:c'était l'époque du lait de Pierre Mendès France à 16 heures,c'était l'époque où on allait en classe les lundis,mardis,mercredis,vendredis et samedis toute la journée (et oui !) avant d'avoir son samedi après-midi,c'était l'époque où on faisait le poêle tous les jours , à tour de rôle,les cendres,le charbon,mais aussi l'époque des blouses,des encriers,de la craie,des billes (et du biscaillin),c'était l'époque où j'étais un petit diable qui avait horreur de la règle en fer sur mes doigts de fée (hum),un petit diable qui tirait les sonnettes de son instit le dimanche,c'était une époque où je n'avais pas de télé,mes parents pas de voiture,où toutes mes vacances se passaient dans le village,c'était une époque où il y avait les WC au fond du jardin,où je n'avais pas de chambre.....bref,c'était une époque sans jouet (vous connaissez sans doute la véritable histoire de l'orange à Noël) mais c'était une époque joyeuse et fraternelle.
Sans mes instits,mes parents ne m'auraient jamais envoyés pensionnaire à Reims,dans un grand lycée,ils n'auraient pas essayé d'avoir une bourse et mon destin n'aurait pas été le même.Je leur dois beaucoup et j'ai eu la chance de leur dire en septembre dernier,alors que je passais leur rendre visite en tandem,dans un jardin très bucolique,de façon apaisée joyeuse et fraternelle,nous avons pu échanger ,non pas de nos parcours mais de la vie,tout bêtement,de cette vie dont ils sont co responsables.Ce fut une très belle journée avec une dame délicieuse, d'une gentillesse au-delà de ce que je pourrais décrire,curieuse de ce que "Alain" avait fait depuis que je ne l'avais appelée.
C'est sans doute cette bienveillance dont je vous parle souvent qui était là,devant moi,en personne,qui m'avait façonné,et qui avait laissé des traces.
Ce jour de septembre,je suis reparti nostalgique,non pas de notre passé commun mais de cette journée,surtout quand l'horloge tourne si vite et nous rappelle qu'il reste 50 km à faire ....en tandem.
Tous les enfants de Beaurieux de cette époque bénie doivent,comme moi ce soir,se sentir un peu orphelin d'une dame au sourire bienveillant,et toutes et tous auront comme moi la gorge nouée et les paupières humides car un miroir du passé vient de se briser dans nos coeurs déjà vieux de 70 ans.On pense à notre instit qui va rester orphelin de sa merveilleuse femme et que j'appellerai sans faute,on pense aussi à ses enfants.
Une belle page du livre de Beaurieux se tourne.
Marie-Odile 20/01/2017 11:03
Barbier Odette 29/12/2016 13:42
Pellien 29/12/2016 12:09
Sylvie kopko 29/12/2016 07:55
Bruno 28/12/2016 21:56