
Il y a des années déjà que l’ordinateur est entré dans l’univers familier des gens, du moins dans les pays riches. Après avoir refusé de l’utiliser, les intellectuels ont pris l’habitude de l’accepter comme une sorte de machine à écrire perfectionnée pour leurs travaux et leur correspondance. En revanche, comme moyen d’expression, il reste l’objet d’une farouche méfiance.
Nous avons tant pris l’habitude de lier la réflexion à la lecture, et la lecture à l’imprimé, qu’il nous paraît difficile de les dissocier. Nous savons certes, assez abstraitement, que la culture philosophique a pu se passer de l’imprimé, se contenter pendant des siècles des manuscrits, et même d’une culture essentiellement orale.
Est-il raisonnable de craindre que la réflexion philosophique se dénature si elle se compromet avec les techniques informatiques ? Il serait facile de répondre que non, en rappelant que l’ordinateur peut n’être que la machine à écrire perfectionnée que nous connaissons et utilisons sans grand danger apparent, c’est-à-dire juste un nouvel intermédiaire entre notre pensée et l’imprimé.
Par opposition au discours oral, l’ordinateur a donc trois défauts essentiels en tant que moyen d’expression philosophique : 1) il n’est pas capable de répondre aux questions intelligemment, 2) il n’est pas capable de choisir ses vrais lecteurs, et 3) il reste muet face aux objections.
Je pense qu'il ne faut surtout pas prendre l'ordinateur comme une super machine à écrire mais comme un moyen de culture écrite et non vérifiable.
On doit donc y prendre ce qui nous intéresse et y laisser 99,99% d'insignifiance.Et là est le problème:comment accéder à ces 0,01% qui nous sont nécessaires.Il faut chercher et je pense que c'est de cette manière que l'on devient accro.
En somme l'ordinateur est un outil de culture comme l'étaient les livres et les manuscrits , à la différence qu'ils deviennent accessibles au plus grand nombre.
Le progrès technique doit nous apparaitre comme une question posée par la science à la conscience.Et la réponse n'est ni dans la lune ni dans les prodigieuses machines qui nous y conduisent : elle est en nous.
Gustave Thibon(l'Équilibre et l'Harmonie)
Alrisha 18/02/2008 11:02