J'ai toujours eu une passion pour le potager. Cela doit me venir de mon père qui y passait beaucoup de temps
Nombre de jardiniers ne sont jamais contents. Pis encore, ils sont devenus esclaves de leur passion. Il ne suffit donc pas de jardiner pour trouver luxe, calme et volupté ? Fort heureusement, la réponse est oui. Mais à une condition : que l’on décide de se libérer de l’exigence irréalisable de la perfection. Il faut donc avoir des rituels:
On commence donc par jurer solennellement sur la tête de sa salade préférée de se promener au moins deux fois par jour les mains vides (couteaux et sécateurs restent au vestiaire) sans jamais se baisser pour ramasser une feuille morte, sans jamais retirer une herbe, etc. On fait serment, puis on passe à l’exécution.
Ne croyez pas que ce genre de militantisme soit à la portée de n’importe qui. Eprouver une admiration satisfaite en contemplant l’œuvre accomplie, si modeste soit-elle, demande beaucoup d’effort. Il faut, pendant l’exercice, apprendre à admirer sans pâlir d’envie les camélias de la voisine, passer sans les voir les herbes qui envahissent les salades , éviter du regard les limaces qui se régalent dans votre potager , ignorer superbement les touffes de gazon qui poussent là où l’on ne veut absolument pas d’elles (parmi les rosiers, par exemple ),traiter par le dédain les énormes découpes qui signalent l’arrivée de cétoines dans le tendre feuillage des rosiers . En ai-je dit assez ?
Après cela, quand s’achève, dans le calme, la petite balade, il reste à se mettre au travail pour corriger ce qui ne va pas, courir sus aux cétoines, mettre l'anti-limace ou caqueter du sécateur (clac ! clac !) sans retenue aucune.
Loin du monde
Le jardin dresse un rempart entre moi et les contrariétés, les sollicitations, les encombrements de tout ordre qui sont le lot inévitable de l’existence. A la place qu’habituellement occupent dans mon esprit quelques préoccupations envahissantes, s’installe un sentiment de détachement somptueux, un luxe rare. Je suis bien.
Quand j'étais en exercice , alors que j'avais peu de temps le midi , pour rien au monde je n'aurai raté cette vue extraordinaire de mes salades , de mes échalottes , de mes oignons , de mes radis "faisant route" au printemps. Ah , "faire route" , beaucoup ne connaissent pas cette expression typique des jardiniers .Que dire de l'extase éprouvée devant les délicates fleurs d'abricotiers? Tous ceux qui n'ont pas connu ces joies simples , ce bonheur de la terre ont certainement un manque , mais ils ne le savent pas.Le jardin est un compagnon d'intimité.
Jardiner , seul , un matin de printemps est un bonheur sans pareil , un moment d'introspection , d'analyse sur ce que je pense être et sur ce que je peux devenir , mais aussi sur la difficile condition des citadins , habitant des HLM et qui travaillent en usine. Quel luxe pour moi , même si ce luxe ne coûte que quelques paquets de graines.
Alors , mes amis , tous à semis!!!
Voici une des quatre parcelles de mon royaume.Tout est en avance.Bien sûr j'ai mis quelques abris.Tricheur???
Un jardin , même tout petit , c'est la porte du paradis
Marie Angel (vivre avec les fleurs)