La discussion bat son plein sur la fin de vie.Comme tous mes confrères j'ai eu à gérer la fin de vie de nombre de mes patients et j'en suis toujours ressorti bouleversé car , comme vous le savez,j'étais et je reste très attaché à eux car je les ai toujours considéré comme un membre à part de ma famille.
Alors que faut-il faire ? c'est bien sûr très difficile et je ne suis pas certain que l'on prenne le sujet par le bon bout.Tout au long de ma vie professionnelle j'ai essayé de régler ce problème et je pense qu'aucun de mes patients n'est parti dans d'atroces souffrances comme il est dit quelquefois.En effet il est très facile pour un médecin,en accord avec la famille,de pousser les doses de morphine qui font disparaitre la souffrance mais aussi qui abrège la vie de ceux qui sont en fin de vie .Nous avons donc à notre disposition les moyens qui existent déjà et j'ai du mal à comprendre la proposition d'une nouvelle loi.
Je ne reviendrai pas sur la mission du médecin qui est de donner la vie et de la gérer en bonne santé et non de faire mourrir.Cela ne me poserait pas de problème particulier et je comprend les motivations des malades et des familles.Non,ce qui me gêne c'est l'officialisation de l'euthanasie qui va nous entraîner dans des problèmes éthiques impossibles à résoudre:
1- le malade et sa famille ayant décidé de passer à l'acte , qui va décider si tout est réglementaire dans cette volonté de mourrir ? car il existe des malades encombrants,des familles peu recommandables,des histoires d'héritage,etc..
2-quand le malade est atteint de la maladie d'Alzheimer et qui est en fin de vie ( il y en a près d'un million d'Alzheimer actuellement et cela ne fait qu'augmenter),qui va décider pour le malade ? la famille ? une commission ?
3-enfin quand va t-on décider de mettre fin à la vie ? dès que la souffrance est là ? mais le seuil de la douleur est différent d'un malade à l'autre. Où alors quand le malade le demande ? mais s'il le fait dès le début de sa maladie et dès qu'il a apris qu'il était condamné , que fait-on alors ? et puis personne n'a évalué la fragilité psychologique des patients mais aussi des familles.Que se passera t-il quand une personne fragile ayant autorisé l'euthanasie d'un parent présentera une dérive dépressive ensuite avec culpabilisation ?
Le problème n'est pas aussi simple que ce que l'on entend sur les médias.Vous avez tous autour de vous des cas similaires et vous savez que les problèmes de famille sont si aigus dans notre société que j'ai peur des dérives.( la dérive d'une famille qui se débarasse d'un parent, cela peut exister )
Pourquoi ne pas renforcer la loi Léonetti qui permet tout simplement de soulager le malade à n'importe quel prix en faisant également une éducation des médecins pour qu'ils facilitent la fin de vie en abrégeant la souffrance et en accédant à la volonté du patient mais sous une forme plus douce et en créant une cellule de fin de vie à domicile avec aide-soignants,infirmière , médecin et bien sûr famille .La solution n'est-elle pas là ? elle serait moins coûteuse et chacun d'entre nous n'aspire t-il pas à mourrir dans son propre lit ?
Créer de multiples structures de soins palliatifs n'est à mon avis pas la solution aujourd'huiet et la crise étant là,ce serait de toutes les façons impossible .Nous avons à notre disposition des médicaments suffisamment puissants pour éviter la dégradation qui évolue en misère physiologique ;utilisons ces moyens à plein régime qui apaiseront les mourrants et par conséquence la famille.Faisons attention à la pilule qui tue car elle est source de dérives.Je comprend qu'il faille mourrir dans la dignité mais nous en avons déjà lla possibilité et gare aux problèmes d'éthique!!
Je n'ai pas peur de mourrir.Je veux seulement ne pas être présent quand cela arrivera.
Woody Allen
Marc DUPUY 19/12/2013 13:59
sage alain 18/12/2013 16:31
Viviane Le Douaron 18/12/2013 10:50