Hier,aujourd'hui et demain.
Le 8 mai 2023, sur Le blog d'un Picard en Luberon

Je reprends la plume après 3 mois de tristesse,de misère , de galère et d'angoisse.La perte d'un fils après 7 ans d'une terrible maladie , actuellement au coeur de la loi sur la fin de vie que personne ne peut vraiment imaginer sans avoir été au coeur du réacteur.

Nous avons décidé de repartir sur les chemins pour conjurer , pour dissiper, un peu, notre peine et quoi de mieux que de repartir en tandem.

Cela fait maintenant 50 ans que nous faisons du tandem , Claudine et moi.

C'est une harmonie,dans le pédalage bien sûr,qui, comme la vie en commun doit être synchrone, mais cette harmonie est aussi dans la manière de concevoir la coordination d'un couple. Je veux dire par là qu'en tandem, je ne peux pas aller à droite si Claudine veut aller à gauche à la croisée des chemins, je ne peux pas m'arrêter pour contempler un paysage si Claudine veut continuer, Claudine ne peut pas s'arrêter de pédaler si je continue, donc, tout doit être fait en harmonie, en accord, en discussion (car on discute beaucoup sur le tandem) .

Hier, c'était 100 km, la tête un peu dans le guidon, sans assistance électrique, pour aller d'un point A à un point B, comme de Marseille aux Vosges, comme du Sud-Ouest à Puget dans le Vaucluse,comme le Tour complet de la Toscane, des Lacs Italiens (fin avril où les rhodos et les azalées sont en fleurs,un joyau pour les yeux, bien mieux que les diamants du bonnet aux grandes oreilles de Charles III) etc etc

Nous arrêtions souvent , le plaisir était là mais fugace car le temps nous était compté comme pour monter à La Baule par la vallée de la Loire et ses merveilleux chemins car nos amis nous attendaient.

Ce fut une période intense, sans doute trop rapide, mais notre société,notre vie était comme cela.Faire le maximum de choses dans le minimum de temps était une devise des années 70 et 80 , et c'est peut-être ce qui nous a conservé en bonne santé: pas de télé,pas de portable,pas d'ordinateur.Je me souviens quand,le midi arrivant,je calculais que vers 17/18 h nous serions à tel endroit et je cherchais dans mon bouquin jaune des gîtes de France où dormir. Alors nous cherchions une cabine téléphonique et c'était au petit bonheur la chance et les surprises étaient fréquentes mais nous en rigolions toujours.

Aujourd'hui,l'âge aidant , le tandem que j'ai électrifié moi-même nous aide en cas de côte trop ardue ou de vent contre trop fort mais surtout , nous avons abandonné la rando du point A au point B pour le remplacer par une marguerite avec un retour chaque soir à la chambre d'hôtes. Et puis , les kilomètres ont fondus , passant de plus de 100 à 60/70, exceptionnellement 95 la semaine dernière et enfin, la route a été remplacée par les chemins, bons ou mauvais, larges ou très étroits,mais toujours au milieu de la nature qui nous ressource , la arbres du printemps étant en fleurs, les vignes poussant leurs magnifiques feuilles vert tendre vers la lumière, les acacias parfumant notre chemin, comme les genêts extraordinairement  jaunes donnant du relief à nos chemins lumineux.

Accessoirement , nous pouvons vous dire que nous avons aimé Narbonne et son marché , Narbonne et son Archevêché, Narbonne et ses Halles mais nous avons préféré nous enfoncer dans cette langue de terre entre canal de la Robine et étangs puis entre étang et mer,jusqu'au bout du monde , seuls, avec notre pomme et notre petit quiche aux coquilles saint Jacques. Il ne manquait qu'un petit verre de vin de La Livinière (Château Gargouzaud) !!

Ce sont actuellement indiscutablement nos meilleures vacances et notre accord est total sur cette affirmation, car être près de la nature est le meilleur poste d'observation de l'Homme ,l'endroit où il se sent tout simplement dans son élément.

Enfin il y a demain. De quoi sera t-il fait ? nos 77 et 76 ans nous permettront-ils de piloter notre tandem entre les trous et les bosses, sur les chemins très étroits où la moindre erreur conduit à la chute ? je me pose la question tous les jours, sans inquiétude véritable mais avec une honnêteté intellectuelle qui me permet d'appréhender la vérité de l'âge  et de ses vicissitudes.

Et puis, chacun sait qu'il est impossible d'effacer les 49 ans de vie de notre fils et que sa mémoire, nos mémoires vont perdurer jusqu'à notre départ.Alors il faut pédaler et encore pédaler, penser à lui, penser à sa fille et à son épouse, en devenant tous deux plus sensibles, sensibles aux souvenirs qui s'amoncellent, sensibles aux paysages traversés, sensibles à notre vie passée.

La vie passe très vite,c'est ce que j'entendais de la part des "vieux " il y a quelques dizaines d'années mais c'est indiscutablement vrai et donc,profitez-en, appréciez là, mordez là à pleine dents car le passage qui semble long quand on est jeune semble si bref quand le bout de la ficelle se rétrécit.

Bonne soirée à toutes et à tous , je vous embrasse et vous mets quelques photos de notre dernière randonnée

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