J'ai déjà fait un article sur ce sujet et je suis heureux que nos décideurs aient enfin compris la nécessité de lutter contre l'engorgement des hôpitaux.J'avais déjà évoqué ce sujet et expliqué qu'il suffisait de créer DEVANT chaque hôpital une maison de santé pour faire le tri entre les personnes relevant d'une véritable urgence et ceux qui relèvent de la bobologie.Et cela,JOUR et NUIT.
Je me souviens d'une époque où il y avait un tour de garde de nuit et de week end,je me souviens d'une époque où la conscience professionnelle nous empêchait de ne pas répondre au téléphone rivé au pied du lit,je me souviens d'une époque où on faisait partie intégrante de la famille des patients.
Cette époque a changée et je me souviens d'une réflexion de mon fils,médecin,pendant une discussion sur ce sujet et qui disait:" Papa,personne ,pas un médecin ne veut plus sacrifier sa vie familiale,ne veut plus manger en répondant au téléphone,ne veut plus être de garde toutes les nuits et j'ai compris ce jour là que la médecine de famille avait "presque " disparue .
Alors,si la médecine est devenue un service comme un autre, il faut trouver des solutions de rechange pour que tout le monde y trouve son compte: avant tout les patients,bien sûr,mais aussi les médecins.
Nous avons un système de soins exceptionnel avec l'association de l'hôpital,de la médecine privée de la médecine du travail,de la PMI et du tissu des médecins libéraux,même si la répartition laisse à désirer.Le problème vient surtout du gâchis,en particulier ,mais pas seulement,dans les hôpitaux et ce gâchis est surtout dû aux personnes qui n'ont rien à y faire et qui relèvent simplement de la médecine de ville.
Le gâchis vient aussi du fait que la médecine a ceci de particulier qu'un médecin peut voir un patient autant de fois qu'il le veut pour une même pathologie, qu'il peut prescrire autant de médicaments,d'analyses,de radios,de scanners (etc etc)qu'il le veut, sans véritable contrôle efficace et tout ceci est la charge de la société car mes amis,c'est VOUS qui payez.
Il existe quelques contrôles par la sécu mais pour être sanctionné,il faut vraiment,vraiment exagérer et être dans la fraude manifeste.
Il faut que les médecins abandonnent certaines prérogatives comme par exemple confier aux opticiens une partie du travail des ophtalmos,aux sage-femmes une partie du travail des gynécos,aux infirmières les surveillances des tensions,des diabètes,(avec recours aux médecins si il y a problème) etc etc
Il faut que les pathologies chroniques soient payées aux forfait: exemple:un diabétique aurait un forfait médical annuel de 100€.Le médecin le verrait quelques fois ,mais , à chaque fois que le bilan est fait,un coup de fil suffirait si ce bilan est normal et une infirmière pourrait aider à gérer ce genre de patient.Bien entendu,toute anomalie conduirait à une consultation rapide.Il en serait de même pour beaucoup de pathologies chroniques comme l'hypertension, l'hypercholestérolémie, l'hyperuricémie etc etc .
Bien sûr,la relation médecin-malade , si chère à mes yeux,en prendra un coup mais c'est le seul moyen de continuer à avoir une médecine de ville équilibrée sur le territoire et des hôpitaux un peu désengorgés.
On parle également de supprimer le numérus clausus ce qui est ,à mon avis une bonne chose,à condition que la sélection des étudiants ne soient plus uniquement sur les maths et la physique-chimie mais aussi sur les valeurs de la médecine:la solidarité,l'empathie,mais aussi la culture générale.Tout le monde ne sera pas reçu mais peut être que la sélection pourrait être un peu mieux adaptée.
Il reste la médecine des pauvres et nous savons que les plus modestes reculent avant d'aller chez le médecin et vont plus facilement à l'hôpital.La CMU ne réglant pas tout (ni l'AME d'ailleurs) et il faudra sans doute étendre la base des élus à ce système.Car n'oublions pas que l'espérance de vie des plus modestes est inférieure de 10 ans par rapport aux "premiers de cordée" et vous comprendrez qu'une véritable politique de santé sociale n'est pas du luxe.
Des souvenirs me reviennent en mémoire avec de pauvres bougres contre lesquels je tempêtais dans ma tête car ils appelaient n'importe quand et à n'importe quelle heure mais , à chaque fois,je me disais qu'ils avaient besoin d'être rassurés,de discuter et je me calmais toujours.
Un médecin de campagne comprend les difficultés de vie de ses patients qu'il connaît sur le bout des doigts et c'est cela que j'ai peur de voir disparaître.J'ai aimé cette médecine et j'ai profondément aimé mes patients qui,ils me le disent 15 ans après les avoir quittés,deviennent souvent des numéros et tout bêtement "un cas".Je suis persuadé qu'il reste beaucoup de médecins qui sont très près de leur patient mais quel âge ont-ils ? les générations à venir sont éduqués sur le mode "service payant" .
On n'apprend pas cette relation médecin-patient à la fac,on n'y apprend pas que ces patients sont peut être en grande difficulté sociale et les visites à domicile permettaient de voir vivre les gens chez eux et d'en tirer beaucoup de conclusions et de solutions sur leurs pathologies.Les visites à domicile ont presque disparues et les salles d'attente sont bourrées à craquer!!!
Il y a du boulot,messieurs les décideurs !!!
Bises à toutes et à tous