Outre la lecture de "la naissance d'un pont" prix Médicis 2010 j'ai fouiné dans mes vieux bouquins . J'ai retrouvé un livre sur l'histoire du village de mon enfance écrit par un camarade d'école. "Beaurieux , village de mon enfance" de RJ Maroteaux qui réside maintenant à Montfavet. Pourquoi le village de notre enfance reste t-il pour nous le plus beau village ?
Un village de 560 habitants où il ne manquait aucun commerce : boucherie charcuterie,boulangerie,épicerie,pharmacie,,médecin,percepteur,notaire,quincaillerie,coiffeur,cinéma et j'en passe,un vrai village d'autrefois situé sur les contreforts de l'aisne et au bord du chemin des dames,où nous pouvions jouer dans les trous d'obus dans les bois et faire les fous dans "la montagne" qui devait culminer à 300 mètres.
Au bord de l'Aisne , une rivière avec une eau claire et limpide , des roseaux , et surtout beaucoup de poissons .J'allais souvent à la pêche avec mon Père , dés l'aube , je n'avais pas le droit de faire de bruit dans "la barque". On mettait les poids à l'avant et à l'arrière du bateau , pour l'immobiliser sur une place préparée avec de multiples amorces ,souvent située le long des joncs dans un décor naturel de rêve.Au lever du jour , on voyait à peine le petit bouchon qui suivait le courant.On attrapait d'abord un petit poisson qui était ensuite transféré sur une très grande gaule et qui servait à attraper des brochets.C'était un honneur dans le village quand on attrapait un gros brochet.Le jour se levait dans la brume , mon Père prenait poisson sur poisson et moi je me contentais souvent d'être spectateur d'un homme qui ,cigarette au bec ,était surtout passionné par le bouchon de la ligne qu'il avait "monté" lui-même et qu'il ne quittait pas des yeux.A cette 'époque ,on n'avait pas de voiture , pas de télé , pas de vacances .C'était son loisir dominical avec le jardinage et le football qu'il pratiquait encore très bien.De temps en temps , le midi , ma Mère et ma soeur , Chantal , venait nous retrouver et pique-niquer au bord de l'eau.Le soir Maman grattait et faisait ensuite les poissons en friture ou au four. Un régal !Ce sont de vrais souvenirs ,"images d'Epinal" mais qui m'ont véritablement construits
A flanc de côteau , avec une côte à 12% sur 1 km. Cela m'a permis de me faire les mollets avec mon vieux vélo.(n'est ce pas les VTTistes!!). Nous habitions en bas du village et les commerces étaient en haut ce qui signifiait de nombreux allers et retours!!! tout était bon pour retrouver les copains.
Bordé de bois ou nous allions aux champignons : girolles , morilles et trompettes de la mort étaient en abondance à cette époque.Ah , les morilles! nous avions nos endroits jalousement cachés , mais je n'étais pas très doué pour les trouver. Souvent mon Père passait derrière moi , trouvant , enfouies sous les amas de feuilles automnales, ces délicieux champignons avec lesquels ma Mère cuisinait une bonne omelette.
C'est dans ce village , tout en pierre , avec une église du 12ième au clocher dominant , que j'ai rencontré l'amitié.En effet nous étions une bande de coquins , un peu genre guerre des boutons, et nos quatre cent coups nous ont réuni et nous ont permis de grandir sans souci. La vie dans cette magnifique campagne , avec tous mes copains , penchait plutôt du côté du bonheur.
Je pense que mon amour pour LA NATURE et le fait de m'intégrer dans notre village de Puget (comme je l'ai fait à Lesdins ) vient de cette enfance modeste mais insouciante, de cette magnifique campagne , de ce beau village. Je sais , certains me diront que c'est la nostalgie du passé. Je ne le pense pas . Je me sens très bien aujourd'hui. Mais c'est peut-être parce que j'ai reconstitué ce qui m'a construit et façonné , c'est à dire une famille dans un vieux village avec autour une nature belle et généreuse et des amis avec qui je peux échanger et faire la fête.